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L’insoutenabilité du travail ressentie par 37% des salariés

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37% des salariés en incapacité de poursuivre leur travail jusqu’à la retraite

Ces dernières semaines, la réforme des retraites fait la une des médias en France et se trouve au cœur de bon nombre de discussions, de débats. Est notamment contesté le recul de l’âge légal de départ à la retraite. Et les résultats d’une étude du ministère du Travail, publiés le 9 mars 2023, semblent donner raison aux opposants à ce recul. 

Intitulée « Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite ? », cette enquête se base sur des données de la DARES (Direction de l’Animation de la Recherche des Etudes et des Statistiques). Des chiffres qui proviennent de l’enquête nationale « Conditions de travail » réalisée en 2019 auprès de 40 000 personnes. Il en ressort plusieurs informations importantes, dont un sentiment d’insoutenabilité du travail de plus en plus fort chez les salariés. 

Ainsi, ils sont 37% à se dire incapables de continuer leur activité professionnelle actuelle jusqu’à la retraite. Ce ressenti est surtout partagé par les moins de 30 ans (59% contre 18% chez les 50 ans et plus) et les femmes (41%, contre 34% pour les hommes). Et si les indépendants sont plutôt épargnés par ce sentiment, c’est loin d’être le cas de certaines professions qui sont considérées comme étant « les moins soutenables ». Dès lors, se pose une question : comment faire pour donner envie aux salariés de poursuivre le même travail jusqu’à la retraite ? 

Les métiers jugés les « moins soutenables » par les salariés

A la lecture des résultats de cette étude, on constate que ce sentiment d’insoutenabilité du travail varie selon les professions. Par exemple, les métiers moins qualifiés (dans les chaînes de production par ex), au contact du public (à la caisse d’un magasin, dans l’hôtellerie et la restauration par ex) ou dans le secteur du soin et de l’action sociale sont les « moins soutenables » pour la majorité des personnes interrogées. A l’inverse, sont jugés « plus soutenables » les professions exercées dans les bureaux. 

On remarque également que ce sentiment touche davantage :

  • 58% des salariés exposés à des contraintes psycho-sociales telles que des rapports sociaux dégradés et une instabilité socio-économique ;
  • 46% des travailleurs soumis à des contraintes physiques dont la chaleur, le port de charges lourdes et le bruit ;
  • 61% des employés subissant ces deux contraintes. 

Il est aussi intéressant de noter que ce sentiment d’insoutenabilité du travail diminue avec l’âge mais s’avère très présent chez les femmes, car il est souvent lié à la charge familiale qui pèse sur elles. Il est également plus ressenti par les travailleurs ayant été confrontés à de longues interruptions de travail, à cause du chômage, d’arrêts maladie ou de congés parentaux par exemple. 

Comment améliorer la soutenabilité du travail ?

Dans cette étude, on apprend – et c’est une bonne nouvelle – qu’il est possible de réduire ce sentiment d’insoutenabilité du travail. Plusieurs changements peuvent être mis en place, à condition que les salariés puissent participer à la décision. Si ces changements leur sont imposés, ils risquent d’être peu efficaces. Parmi eux, sont cités par les sondés :

  • la diminution de l’intensité du travail (ne plus devoir constamment se dépêcher ou suivre une cadence infernale par exemple) et des contraintes liées aux horaires :
  • une hausse de l’autonomie accordée aux travailleurs, notamment dans les moyens d’atteindre leurs objectifs ;
  • un plus grand soutien social de la part des collègues et de l’employeur.

En revanche, les dispositifs de prévention, quand ils sont seulement informatifs, n’ont guère d’effets positifs auprès des salariés. Mais un autre facteur semble aussi efficace pour donner envie aux travailleurs de continuer leur profession. Il s’agit de la mobilité. Ainsi, les salariés ayant changé de situation professionnelle ressentent moins cette insoutenabilité du travail. Cela concerne aussi bien ceux ayant choisi de quitter le salariat pour exercer une activité indépendante, que ceux ayant changé de poste au sein de leur entreprise ou de profession. 

Par conséquent, en lisant les résultats de cette étude, on ne peut s’empêcher de penser qu’il est temps de revoir l’organisation du travail… surtout si l’âge légal du départ à la retraite est bien repoussé ! 

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